CHAPITRE 1: Concepts théoriques de base

Publié le par Samy

Chapitre 1 : CONCEPTS THEORIQUES DE L’ENSEIGNEMENT

 

INTRODUCTION

A la question de savoir quel est le plus ancien des métiers, l’enseignement l’emporte. Car si bon nombre de personne pense que c’est la prostitution, ils omettent le fait que même la prostitution s’enseigne. L’enseignement s’est accaparé la quasi-totalité des secteurs de la vie. Dans tous les États du monde, l’enseignement occupe une place important dans le gouvernement. C’est ainsi qu’on parle de ministère de l’enseignement comme en France, ou du département de l’éducation nationale comme au États-Unis, l’enseignement est une priorité gouvernementale. Au Cameroun par exemple, l’enseignement couvre trois ministères. On a en effet, le ministère de l’éducation de base qui s’occupe de la maternelle et de l’école primaire. Le ministère de l’enseignement secondaire qui a pour préoccupation essentielle l’enseignement dans les collèges et les lycées. Il y a enfin le ministère de l’enseignement supérieur pour les grandes écoles de formation et les universités. Il n’y a pas très longtemps on parlait, au Cameroun, de ministère de l’éducation nationale. A ce niveau, la barrière entre l’éducation et l’enseignement est si étanche qu’on croirait que ce sont des synonymes.

 

1.1 DE L’EDUCATION

 

Tant sans faut, pour Emile Durkheim dans son article sur « l’éducation, sa nature, son rôle », in Education et sociologie, PUF, coll. ‘’Quadrige’’, p.15

 

« L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et mentaux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné » 

 

Il voudrait dire en d’autres termes que l’éducation est assurée par les adultes donc des gens conscient de ce qui est bon ou mauvais. Dans cette définition de Durkheim, l’enfant est passif et subit tout simplement les actions de l’adulte. Pour ce penseur, c’est l’adulte qui prépare l’enfant à une ou bonne ou mauvaise conduite plu tard dans la société. Ainsi, l’enfant copie les habitudes et comportement physique, intellectuel et mentaux que lui propose l’adulte. Au travers de l’éducation, l’enfant n’est qu’une marionnette entre les mains de l’éducateur. Donc l’enfant n’est pas responsable de son état adulte ultérieur. Cette définition de Durkheim insiste beaucoup sur l’identité et la responsabilité de l’éducateur.

Dans l’encyclopédie Wikipédia, consulté le 4 Avril 2010, l’éducation « correspond à la formation globale d’un individu, à divers niveaux (au niveau religieux, moral, social, technique, scientifique, médical, etc.) » Cette définition présente l’éducation comme un terme générique qui embrasse l’enseignement. Si l’éducation est en amont, l’enseignement est en aval.

Selon la définition de Lalande, « l’éducation est un processus consistant en ce qu’une ou plusieurs fonctions se développent graduellement par l’exercice et se perfectionne. C’est aussi le résultat de ce processus. »

1.2. L’ENSEIGNEMENT

 

De façon prosaïque, l’enseignement se définit comme la transmission des savoirs et savoir - être à des individus qui n’en possèdent pas. Le savoir se réfère à des connaissances théoriques dans un domaine. Les savoirs – être quant à eux renvoient aux comportements de l’être. Ainsi, l’enseignement vise l’esprit au niveau intellectuel et psychique de l’enfant. Cependant, l’enseignement de l’informatique s’intéresse non seulement aux connaissances mais aussi aux savoir – faire de l’élève. En effet, l’enfant doit pouvoir par lui-même faire la pratique sur les connaissances apprises. Le programme de formation en informatique que propose le ministère de l’enseignement secondaire au Cameroun se compose à cet effet de deux parties : la théorie et la pratique. L’enseignement de l’informatique fait donc appel à l’apprentissage. Ce dernier permet d’ « acquérir et de développer des savoir – faire, particulièrement dans les domaines artistiques et techniques », selon Wikipédia. 

Pour Wikipédia consulté le 7 Avril 2010, « l’enseignement est un mode d’éducation permettant de développer les connaissances d’un élève par le biais de la communication verbale et écrite. » Ainsi, l’enseignement n’est qu’un mode d’éducation parmi tant d’autres. La définition de cette encyclopédie, suppose que l’élève a déjà certaines connaissances que l’on développe juste. Les supports écrits et des explications orales permettent ce développement de connaissances. En regardant de plus près, on se rend compte que cette définition de l’enseignement est résumé ce dernier à des connaissances théoriques. Qu’en est – il de la pratique ? Elle fait référence à l’apprentissage.

Cette notion complexe de l’enseignement n’a pas laissé un bon nombre de penseurs et de chercheurs indifférents. Selon Marguerite Altet, dans Les pédagogies de l’apprentissage, PUF, 1997, p.11, affirme que :

 « L’enseignement couvre donc deux champs de pratiques :

  1. 1.     Celui de la gestion de l’information, de la structuration du savoir par l’enseignant et de leur appropriation par l’élève, domaine de la didactique.
  2. 2.     celui du traitement et de la transformation de l’information en savoir par la pratique relationnelle et l’action de l’enseignant en, classe, par l’organisation de situations pédagogiques pour l’apprenant, c’est le domaine de la pédagogie. »

Elle voudrait pour ainsi dire que l’enseignement est un couplet composé de pédagogie et de didactique. Pour elle, la didactique est la structuration que l’enseignent fait du savoir pour qu’il soit assimilable par l’élève. Et la pédagogie serait la relation entre enseignant et élève, relation favorable à la transmission du savoir. Il devient donc impératif de présenter la pédagogie d’une part et la didactique d’autre part.

1.3. LA PEDAGOGIE

Issue du grec, la pédagogie signifie étymologiquement, conduire, mener, accompagner, élever un enfant. C’est ainsi que dans l’antiquité, un pédagogue est un esclave qui « accompagnait l’enfant à l’école, lui portait ses affaires, mais aussi lui faisait réciter ses leçons et faire ses devoirs. »  Henri – Irené Marrou, Histoire de l’éducation dans l’antiquité, tome 1 : Le monde grec (1948), Seuil, coll. « points Histoire », 1981, p.217. Ainsi, le pédagogue n’est nul autre qu’un précepteur. De part le rôle du pédagogue,  la pédagogie rend compte de l’éducation de l’enfant. Elle est donc l’art d’éduquer. Or quand on sait dans un art il y a une touche personnelle que fait la différence dans une œuvre d’art bien qu’en chaque art a une méthode propre. Aussi, pou Wikipédia consulté le 7 Avril 2010, « le terme « pédagogie » renvoie aux méthodiques et pratiques d’enseignement et d’éducation ainsi que toutes les qualités requises pour transmettre un savoir quelconque. »

 Bien de penseurs ont discouru sur la pédagogie. Il en résulte alors une panoplie de définitions parmi lesquelles celles d’Emile Durkheim. P’après ce dernier, la pédagogie est une « réflexion appliquée aussi méthodiquement que possible aux choses de l’éducation » ; L’évolution pédagogique en France, Paris, PUF, 1938, p.10.  Il voudrait dire en d’autres termes que la pédagogie renvoie à une méthode d’enseignement. Il dira d’ailleurs un peu plus loin que « la pédagogie est une théorie pratique. » dans « l’éducation, sa nature, son rôle », in éducation et sociologie, PUF, coll. ‘’Quadrige’’, p.51

Françoise Clerc définira la pédagogie comme étant « l’ensemble des savoirs scientifiques et pratiques, des compétences relationnelles et sociales qui sont mobilisées pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies d’enseignement. » cette définition insiste sur les relations lors de l’enseignement. Pour Françoise clerc, la pédagogie se charge des rapports entre l’élève et l’enseignant dans le processus de l’enseignement.

Pour Françoise Clerc, la pédagogie est « étude et mise en œuvre des conditions d’apprendre. » in pratiques et logiques en pédagogie, Nathan Université, 2002, p.5.

Tout compte fait, toutes ces définitions font de la pédagogie une étude et une méthode des relations entre l’enseignant, l’élève et le savoir. Le triangle pédagogique de Jean Houssaye illustre parfaitement le rapport entre les trois entités ; dans Le triangle pédagogique. Théories et pratiques de l’éducation scolaire, Peter Lang, Berne, 2000. On peut schématiser ce triangle comme suit :

Savoir

Apprenant  

Enseignant

   fig.1 Le triangle pédagogique

 

Comme on le voit sur le schéma, les trois sommets du triangle symbolise les éléments fondamentaux en relation dans l’acte d’enseigner.  La relation entre deux éléments du triangle est appelée « processus » par Jean Houssaye.  Les différents processus sont :

  • le processus du savoir - professeur concerne l’enseignement, le travail didactique de gestion de l'information. On parle aussi souvent du versant de la didactique. La relation enseignant
  • Dans le processus du professeur - élève il y a l'éducation et la formation. Le processus « former », celui de la pédagogie et d'une économie de l'éducation.
  • Du côté élève - savoir on retrouve l'apprentissage, le processus « apprendre ».

Ces trois processus embrassent l’enseignement. Il devient donc évident de parler de la pédagogie pour ce qui est des méthodes permettant l’acte d’enseignement. Ainsi la relation qui s’établira lors du processus d’enseignement entre le professeur et l’élève permettra de dire qu’il question de tel ou tel type de pédagogie.  Il existe de quatre grands groupes de pédagogies :

1.3. 1 LA PEDAGOGIE TRADITIONNELLE

Il est dit un peu plus que le type de relation établie entre l’enseignant et l’élève joue énormément dans le processus d’enseignement. Cette relation détermine en fait le type de pédagogie employée par l’enseignant. La pédagogie traditionnelle englobe les méthodes et techniques d’enseignement où le professeur est un véritable magister. Il est ainsi considéré comme le détenteur de toutes les connaissances. Sa relation entre lui et son élève se caractérise par le fait que l’élève ne possède rien et ne peut rien seul en ce qui concerne l’acquisition des connaissances. C’est le professeur qui instruit l’élève. Aussi, les pédagogies traditionnelles sont –t- elles centrées sur les savoirs constitués à transmettre et sur le maître qui enseigne. Elles se reconnaissent par la transmission de contenus déjà structurés ou à l'empreinte, assimilation passive. On attend de l'élève "réponses, performances, savoirs". Les pédagogues transmissifs comme Comenius et Alain dans ses Propos sur l'éducation (1932), PUF, 1948, ont soutenus cette pédagogie. Tout comme bon nombre de congrégations religieuses.

1.3. 2 LA PEDAGOGIE ACTIVE

La pédagogie active est une type de pédagogie où l’élève s’auto – instruit. Elle se caractérise par le fait que l’enseignant n’est considéré comme le détenteur du monopole du savoir. L’élève peut s’instruire ou mieux, s’auto former. L’enfant est au centre du processus d’enseignement. Donc c’est l’élève comme enfant qui construit son savoir. Il s’approprie personnellement les connaissances et les procédures.  On parle aussi de mouvement pédagogique de l’éducation nouvelle pour faire référence à la pédagogie active. Plusieurs chercheurs et penseurs ont épousé les méthodes de la pédagogie active pour créer leur propre pédagogie. Il y a l’exemple la pédagogie fonctionnelle de John Dewey (1897) qui exprimée dans son ouvrage intitulé : Mon crédo pédagogique. Adolphe Ferrière parlera plus tard d’école nouvelle dans L'école active (1922), Fabert, coll. "Pédagogues du monde entier", 2004. Ovide Decroly (1921) parlera également d'école nouvelle dans Vers l'école nouvelle. C’est en fait une traduction qu’il a fait de Dewey.  Roger Cousinet (1959) adoptera un peu plus tard le terme de pédagogie de la liberté dans L'éducation nouvelle, Delachaux et Niestlé, 1968.

1.3. 3 LA PEDAGOGIE TECHNOLOGIQUE

La recherche technologique a aussi eu beaucoup d’influence dans le domaine de l’éducation. C’est ainsi que s’introduisant dans l’enseignement, on parle de pédagogie technologique. Les outils technologiques intègrent fortement les méthodes d’enseignement.  Dans ce type de pédagogie, l’accent est beaucoup mis sur les moyens techniques, opératoires, d’acquérir des savoirs, des savoirs – être et des savoirs – faire ainsi que sur l’élève pris comme apprenant. L’application de la pédagogie technologique demande de l’élève qu’il soit actif. C’est ainsi qu’on lui proposera un savoir programmé à découvrir ou à reconstruire. Il y a l’exemple des moyens techniques comme des logiciels C.A.O. (conception assistée par ordinateur). Parmi les pédagogies issues de la pédagogie technologique, on a la pédagogie programmée de Skinner (1958) encore appelée l’enseignement programmé. Dans ce dernier, le terme "programme" désigne une séquence d'activités ordonnancées de façon systématique. La pédagogie par objectifs qui a pour fondateur Ralph Tyler (1935), est le résultat même de la pédagogie technologique. Elle s’articule autour des notions telles que : objectif, méthode, évaluation, objectif dans une optique de rationalisation et d'efficacité. Les objectifs doivent être définis en termes de comportements attendus, en termes de réactions externes à la conscience.

1.3. 4 LA PEDAGOGIE SOCIALISEE

Hegel disait que l’on ne naît ni bon ni méchant, mais que c’est la société qui se charge de nous façonner. Même dans le domaine de l’enseignement, tous les acteurs font partie de la société. Probablement c’est la raison pour laquelle des pédagogues ont parlé de pédagogie socialisée. Ce type de pédagogie est centré sur un enfant membre et sujet de la communauté sociale. Elle a pour but la formation d’un homme sociale qui a une éducation sociale. Parmi les pédagogues qui se sont inspiré de ce type de pédagogie, on a : Anton Semionovitch Makareno (1917) avec sa pédagogie marxiste. Il met en oeuvre des pratiques pédagogiques ordonnées à la recréation chez l'individu de conduites sociales positives et fondées sur un principe d'éducation institutionnelle. Fernand Oury (1963) avec la pédagogie institutionnelle. En effet, en collaboration avec Aïda Vasquez publie La pédagogie institutionnelle, Paris, Maspero, 1966.  Dans ce livre, il démontre que si l'enfant perçoit le lieu classe comme un endroit de repères, de sécurité, de vie, où l'on peut régler des questions, il va progressivement prendre en charge sa vie d'écolier. Il va garder ou retrouver le goût d'apprendre, à travers son engagement, ses initiatives… Alors, le but de la pédagogie institutionnelle est d'établir, de créer et de faire respecter des règles de vie dans l'école, par des institutions appropriées. Snyders (1976) parlera de pédagogie progressiste. Georges Snyders illustre sa vision de la pédagogie dans son livre intitulé École, classe et lutte des classes, PUF, 1976.

1.4  QUELQUES METHODES PEDAGOGIQUES

Une méthode pédagogique est un ensemble de règles et de procédés permettant de mettre en œuvre un enseignement du maître ou un apprentissage de l'élève, de façon théorique ou pratique, selon Philippe Meirieu dans son article intitulé « Méthode pédagogique ». La méthode pédagogique est donc la technique basée sur les besoins de l'apprenant, et sa participation active, avec un contenu et des outils adaptés à la matière enseignée. On se sert d’une méthode pédagogique pour gérer, expliquer, découvrir, évaluer.  Il existe donc plusieurs types de méthodes pédagogiques.  Parmi lesquelles :

1.4.1 LA PEDAGOGIE DE PROJET

Elle rentre dans le groupe des pédagogies actives où l’élève construit lui-même son savoir. Avec la pédagogie de projet, l’apprentissage se fait à travers une réalisation collective et dans laquelle les apprenants participent au processus, à la construction du projet, au choix de la méthode de travail et à son évaluation permanente. Aussi peut- t – on définir la pédagogie de projet une pratique de pédagogie active qui fait passer des apprentissages à travers la réalisation d'une production concrète. L’enseignant n’est plus celui qui sait et qui délivre son savoir. Il plutôt un guide, un éducateur qui oriente les apprenants mais qui ne détient pas la solution clés en main. L’enseignant assume donc un rôle d’accompagnement pédagogique. L’autonomie est le squelette qui structure cette démarche et constitue elle-même un des objectifs de la pédagogie de projet. Il faudrait comprendre le terme projet ici comme un moyen pour confronter les apprenants à des obstacles et provoquer des situations d’apprentissage. Le projet n’est donc pas une fin en soi. Le projet peut être individuel ou collectif. C’est pour cette raison que Michel Huber (1984) compare le projet à une « entreprise qui permet à un collectif d'élèves de réaliser une production concrète, socialisable, en intégrant des savoirs nouveaux. »  Il pourrait être un exposé, une maquette, l’organisation d’une excursion, d’une fête ou d’un voyage. Le pilier de cette pédagogie est : le philosophe John Dewey. Mais l'idée a vraiment été précisée par William Heard Kilpatrick, en 1918, dans un article intitulé The Project Method dans les termes suivants : project-based learning. 

1.4.2  PEDAGOGIE PAR OBJECTIFS

Ayant pour fondateur Ralph Tyler, la pédagogie par objectifs est centrée sur l’apprenant et orientée vers la réussite, elle est beaucoup utilisée par les enseignants. Elle adapte l’homme aux besoins et valeurs de la société et les traduit en objectifs. Les objectifs pédagogiques permettent alors de développer une activité précise avec l’apprenant et de préciser les critères qui serviront à l’évaluation. Chaque acte pédagogique possède des finalités cognitives et éducatives. Dans ce cadre on définit des objectifs à court et à long terme. Le système éducatif camerounais distingue pour sa part les objectifs généraux, les objectifs spécifiques qui explicitent les attentes des finalités éducatives, et les objectifs pédagogiques opérationnels et les objectifs pédagogiques intermédiaires qui canalisent le but et le déroulement d’un cours.

 1.4.3   PEDAGOGIE PAR RESOLUTION DE PROBLEMES

Encore appelé apprentissage par problèmes, la pédagogie par résolution de problèmes est née en 1969 à la MacMaster  University. Les apprenants, regroupés par équipes, travaillent ensemble à résoudre un problème généralement proposé par l'enseignant, problème pour lequel ils n'ont reçu aucune formation particulière, de façon à faire des apprentissages de contenu et à développer des compétences de résolution de problèmes. La démarche est guidée par l’enseignant qui joue le rôle de facilitateur ou de médiateur.

1.4.4   PEDAGOGIE DIFFERENCIEE

Les inégalités sociales et même intellectuelles influencent dans le choix du type de pédagogie à employer. Dans une même classe, l’enseignant se retrouve face à des élèves qui ont des quotients intellectuels variés. C’est en voulant résoudre ce problème qu’en 1963 aux États-Unis d’Amérique, Alexandre Carroll, ingénieur technico-pédagogique, propose la pédagogie différenciée. Cependant, il faut attendre Louis Legrand pour commencer avec de premiers essais de cette nouvelle pédagogie au secondaire en 1983. Son livre intitulé Les différenciations de la pédagogie, Paris, PUF, 1995, présente cette pédagogie. Il affirme dans son article intitulé : « Des différences à la différenciation pédagogique », in Jean-Claude Ruano-Borbalan, Éduquer et Former, Éditions Sciences humaines, 1998, p. 123, que :

« On ne peut pas enseigner d'une façon commune à tous les élèves, même si on souhaite les scolariser ensemble pour leur formation civique et morale. C'est dans ce sens que l'on a travaillé sur la pédagogie différenciée, en s'inspirant beaucoup de la pédagogie de maîtrise issue des États-Unis, qui consiste, à partir de programmes identiques, à traiter les élèves en fonction de leurs besoins. »

En d’autres termes, dans une classe, un professeur doit enseigner à des élèves ou des étudiants ayant des capacités et des modes d'apprentissages très différents. Avec la pédagogie différenciée, cette situation hétérogène des classes peut être résolue par des pratiques adaptant à chaque élève les programmes d'études, l'enseignement et le milieu scolaire. C’est ainsi que l’enseignant ne saurait être le centre de la classe. C’est l’élève ou l’activité qui devient l’intérêt principal.

Ainsi, la pédagogie de projet et la pédagogie par résolution de problèmes sont recommandables car elles permettent de développer les facultés créatrices de l’élève. En effet, l’élève face à une situation donnée proposée par l’enseignant devrse former et apprendre par lui-même. Ces pédagogies sont évidentes dans des cas où l’on dispose d’assez d’ordinateurs pour le cours. Cependant, il ne faut pas perdre de vue, la situation infrastructurelle des établissements scolaire au Cameroun. C’est ainsi que les pédagogies traditionnelles ne sauraient être totalement abolies dans toute l’étendu du pays.

1.5 QUELQUES APPROCHES PEDAGOGIQUES

Une approche est la manière par laquelle la situation pédagogique est abordée. L’approche pédagogique est donc une manière d’aborder une thématique. Les différentes approches présentées ci-dessous ne sont pas exclusives les unes des autres et la liste n’est bien sûr pas exhaustive !

 1.5.1 APPROCHE SENSORIELLE

L’approche sensorielle consiste à aborder son environnement à partir des cinq sens qui sont : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, voire le goût. En effet, l’on découvre son environnement avec les sens avant d’en avoir un rapport cognitif ou conceptuel. L’enseignant amène l’élève à explorer son milieu par ses sens. Ainsi, le premier abord est sensoriel. Cette approche sensorielle commence aux États-Unis.  

1.5.2 APPROCHE LUDIQUE

Avec l’approche ludique, l’enseignant amène et pose le concept ou la notion à enseigner par le jeu ou encore créant une situation ludique. Le jeu peut alors être considéré comme une approche particulièrement adaptée à la sensibilisation car il peut faire appel aux sens, à l’observation, à l’analyse, à la mise en situation, etc. Cette approche rend la leçon plus intéressante. A travers le jeu l’élève apprend mieux sans avoir l’impression de subir le cours. Au contraire, il découvre par lui-même la complexité du concept à étudier.

1.5.3 APPROCHE ARTISTIQUE

Les arts plastiques, la musique et toute autre forme d’art se sont approprié cette approche. Elle consiste à créer en s’inspirant du milieu biophysique ou à partir d’éléments trouvés dans l’environnement. L’art peut être utilisé comme un médiateur, la création artistique peut aussi être une finalité. On peut utiliser l’approche artistique lors de la leçon sur la mise en forme dans le cours de traitement de texte.  

1.5.4 APPROCHE SYSTEMATIQUE

Cette approche définit la complexité des réalités environnementales comme étant un système. Les éléments biophysiques, leurs relations et leurs interactions mutuelles ne sont pas négligés. Il faut démontrer que tous ces éléments sont un tout, un système. Celui-ci est une forme d’organisation mais aussi un processus dynamique en perpétuel mouvement. L’enseignant devrait donc faire comprendre à l’élève que toutes les leçons d’un traitement de texte sont en fait un seul cours. Toutes ces leçons sont en relation de la même manière qu’un corps humain est un tout composé de plusieurs parties. Ou encore le logiciel de traitement de texte Word a une fenêtre qui est un ensemble composite.

1.5.5 APPROCHE  SCIENTIFIQUE 

L’environnement devient une source inépuisable d’expériences et d’observations. L’on peut considérer dans le cadre du cours de traitement de texte comme environnement la fenêtre Word. L’lève peut ainsi procéder à une vérification des hypothèses et construire des expérimentations dans un processus permanent d’essais / erreurs. Pour une leçon de saisie par exemple, l’élève peut expérimenter les touches du clavier, les fonctions pour apprendre.

1.5.6 APPROCHE COGNITIF

Privilégiant la transmission de savoirs, de connaissances, l’approche cognitive faire d’abord connaître les éléments qui composent l’environnement et leur fonctionnement. La partie du cours portant sur la présentation de la fenêtre Word   peut être dispensé en utilisant l’approche cognitive. En effet, le contexte actuel ne permet que chaque élève soit devant un ordinateur au Cameroun.

1.5.7 APPROCHE PRAGMATIQUE

L’enseignant invite l’élève à passer à l’acte dans le cadre d’un projet. Cette approche repose sur l’idée qu’il est nécessaire de s’engager dans l’action pour que les savoirs et compétences environnementales acquises aient une application concrète. Il y a auto instruction. L’élève découvre ses limites et les transcende lors de la conception et la réalisation de son projet. 

1.5.8 APPROCHE PAR RESOLUTION DE PROBLEMES

Avec cette approche, l’élève est face à un problème qu’il doit résoudre en mettant en œuvre toutes les stratégies nécessaires. Il est alors inviter à rechercher les informations pour mieux cerner le problème, à identifier des solutions, les mettre en œuvre et évaluer les solutions retenues. La collaboration est un appui nécessaire dans la démarche par résolution de problèmes.

Il est à noter que le choix d’une approche pédagogique peut être influencé par la discipline à enseigner ou par d’autres facteurs comme, le matériel pédagogique disponible, le niveau général de la classe voire les préférences d’un enseignant. Ainsi, pour dispenser un cours, il s’est souvent observer que l’enseignant fait appel à plusieurs approches pédagogiques.

1.6. LA DIDACTIQUE

Sur le triangle pédagogique présenté plus haut, la didactique se situe sur le versant du savoir et de l’élève. Elle est la structuration du savoir par l’enseignant afin de le rendre accessible et assimilable par l’élève. Puis que chaque discipline a son savoir, et que tous les savoirs ne peuvent se faire enseigner de la même manière, il existe pour chaque discipline une didactique appropriée. On ne saurait enseigner les mathématiques de la même façon que l’on enseigne l’histoire par exemple. C’est en ce sens que Wikipédia définit la pédagogie comme « l’étude des questions posées par l’enseignement et l’acquisition des connaissances dans les différentes disciplines scolaires. » il y a donc la didactique de l’anglais, la didactique du français, la didactique de l’informatique… On parle alors de didactique des disciplines ou de didactique spécifique. La didactique est une science qui est intégrée dans le domaine des Sciences de l’Education. C’est l’étymon grec didackein que dérive le terme didactique. Cette science a connu beaucoup de théoriciens à l’instar d’André Lalande. Il définit la didactique comme la partie de la pédagogie qui a pour objet l’enseignement. Cette définition de Lalande vient contredire l’essence même de l’enseignent. Il rend la pédagogie mère de l’enseignement. Ce qui est contre dit par Marguerite Altet, Les pédagogies de l'apprentissage, PUF, 1997, p. 11, qui pense que la pédagogie et la didactique forme l’enseignement. Il y a aussi Robert Laffont qui, dans le vocabulaire de la pédagogie et de la psychiatrie, a défini la didactique comme l’art d’enseigner exercé par un adulte. Pour Guy Palmade la didactique est une discipline qui permet à l’apprenant d’apprendre telle ou telle notion.

Les avis des uns et des autres tendent à rendre la pédagogie et la didactique synonyme. Ce qui n’est pas vrai. En effet, la didactique est différente de la pédagogie. Q’une part sur le triangle pédagogique encore appelé triangle didactique la didactique se situe sur le versant du savoir – élève tandis que la pédagogie est sur le versant de enseignant – élève. Donc les deux notions ont chacune sont objet scientifique précis. D’autre part, si la pédagogie est l’art d’éduquer, la didactique quant à elle est l’art de structurer le savoir en contenu assimilable par l’élève. Aussi la pédagogie tient-elle en compte la relation entre les deux principaux acteurs du processus enseignement (l’élève et l’enseignant). La didactique par contre joue un rôle primordial dans le contenu d’une discipline donnée en insistant sur la dimension épistémologique. Alors, la nature des connaissances à enseigner dans une discipline est le domaine même de la didactique. C’est la raison pour laquelle les chercheurs de chaque discipline travaillaient sur la didactique de leurs spécialités. Guy Brousseau, G. Glaeser et Y. Chevallard ont fait des recherchent sur la didactique des mathématiques. En sciences expérimentales, il y a Goéry Delacôte, J.L. Malgrange et L. Viennot.

On ne saurait parler d’une notion sans en définir ses mots – clés. La didactique bien qu’elle soit une science jeune a un certain nombre de concepts qui lui ont prêté leurs essences. Elle s’est en effet servie dans le plat des concepts tels que le constructivisme, les conceptions, le curriculum prescrit, réel, caché. Elle s’est fait un nom en tenant sur ses propres concepts comme : la situation – problème, la situation ou le milieu didactique, le contrat didactique, la transposition didactique et les pratique de référence, et obstacles épistémologique – didactique et objectif-obstacle.

1.6. 1 LE CONSTRUCTIVISME

S’opposant au béhaviourisme qui considère le cerveau comme une boîte noire, le constructivisme pense plutôt que l’esprit humain n’est pas vierge (Jean Piaget). C’est ainsi que l’apprenant n’est plus passif comme le prétend le béhaviourisme, mais un être actif.  Les connaissances ne sont pas reçues de l’extérieur, l’apprenant interprète et traite ce qu’il reçoit qui forment le savoir. Il est nécessaire de prendre en compte les représentations de l’élève. En effet, l’élaboration de nouvelles connaissances pourrait avoir pour obstacle ces représentations. L’élaboration des connaissances devrait passer par des remises en question et des reconstructions de ces représentations. La didactique considère ainsi l’élève comme étant au centre du processus d’enseignement.

1.6. 2 LES CONCEPTIONS

Conceptions ou représentations, peu importe, puisqu’il s’agit d’une même chose. Face à une notion donnée l’élève se fait ses propres représentations. Ces représentations sont dites spontanées » selon Bachelard (1947) in La formation de l’esprit scientifique, Paris :Vrin. Spontanées signifie dans ce contexte, non construit par l’enseignement. Ces conceptions de l’élève peuvent être erronées et dépourvues de « bon sens » selon la terminologie de Bachelard. Il revient donc à l’enseignant d’amener l’élève à rectifier ce leurre. Car les conceptions erronées de l’élève peuvent se constituer en obstacles à l’enseignement ou à l’apprentissage. En pédagogie, on s’interroge sur comment faire émerger ces conceptions  et sur quels moyens employés pour la faire évoluer afin de les rendre compatibles lorsqu’elles ne le sont pas avec le savoir enseigné. La situation – problème peu être une des méthodes à utiliser pour conduire au changement conceptuel attendu car cette situation suscite un conflit cognitif.

1.6. 3 LE CURRICULUM PRESCRIT, REEL, CACHE

D’origine anglaise, le terme curriculum désignait le parcourt éducatif proposé aux élèves. En France, le même terme signifie cursus. Marie – José Barbot et Givamarri, le confirment en ces mots

 « La notion de curriculum [est] apparue dans les pays anglo-saxons sous le nom de ''curriculum development'' [et] englobe tout ce qui se passe dans le cadre de relations éducatives.».

Ainsi, un curriculum est une sorte de canevas qui  indique ce qui doit se faire en éducation. Hilda Taba soutient cette vision des choses. En effet, elle définit le curriculum comme un « plan d’apprentissage qui englobe les contenus, les méthodes, les moyens d’enseignement - apprentissage et des moyens d’évaluation ». En d’autres termes, un curriculum est un plan d’études ayant pour vocation de rationaliser un projet global d’enseignement. En un mot, c’est le curriculum est un parcours de formation. On distingue ainsi, le curriculum prescrit qui renvoie aux objectifs formulés par la politique éducative. Il est en fait un ensemble de texte et de représentations. Perrenoud parle plutôt de « programmation » d’un parcours éducatif. Le curriculum réel fait état de  ce qui a été réellement enseigné sur le terrain par les enseignants. Le curriculum caché quant à lui, rend compte de tout ce que l’apprenant n’apprend pas de manière institutionnelle, ce qui n’est pas mesurable. Ce type de curriculum confirme le fait que l’école n’est pas le seul lieu d’instruction. La rue, le marché, la maison et même la télévision peuvent être des lieux d’instruction. De plus de nos jours l’informatique, tend à rendre le cadre institutionnel de l’école vulnérable avec l’avènement de l’Internet.

1.6. 4 LA SITUATION – PROBLEME

La situation problème est une situation didactique autour d’un problème. Le terme problème renvoie à un questionnement, une énigme, une observation… le choix du problème fait généralement intervenir un support concret. Ainsi, la résolution du problème nécessitera l’investigation de l’élève. Ce dernier n’a pas au départ tous les moyens pour résoudre le problème. Il devra donc s’approprier le problème, puis mettre en œuvre ses connaissances et son ingéniosité pour trouver une solution. Il procèdera donc par une expérience concrète si nécessaire. Cette résolution du problème peut se faire en groupe ou individuellement.

1.6. 5 LA SITUATION DIDACTIQUE

L’enseignant partira des objectifs pédagogiques pour formuler une situation problème adéquate tout en cachant ces objectifs au élèves pour qu’ils ne l’atteignent que par une adaptation personnelle de la situation (Brousseau (1998) Théorie des situations didactiques, Grenoble : La Pensée Sauvage). La résolution du problème sera influencée par des facteurs comme le quotient intellectuel des élèves, les matériels de manipulation… bref du milieu didactique.

1.6. 6 LE CONTRAT DIDACTIQUE

Le contrat est un accord passé entre deux personnes ou deux parties. Chaque personne proposant ses services en vue d’une rémunération et vice versa. Il est souvent écrit et visé par les deux parties pour des besoins juridiques en cas de situation conflictuelle.  En enseignement, le contrat est dit didactique. Il est implicitement passé entre l’enseignant et ses élèves. Les clauses de ce contrat sont généralement fondées sur les échanges de la classe, la relation enseignant – élève, le statut, le rôle de chaque partie d’après Chevallard Y. (1985) La transposition didactique, Grenoble : La pensée Sauvage. Ainsi, l’élève et l’enseignant savent chacun quel est le rôle ou le place de l’un et de l’autre. La prise de contact au début d’un enseignement permet souvent à chaque partie du contrat didactique de s’exprimer clairement.

1.6. 7 LA TRANSPOSITION DIDACTIQUE ET LES PRATIQUES DE REFERENCE

On parle de transposition didactique le faite de prendre des exemples dans la société afin de rendre le savoir enseignable. Le savoir savant est reformulé, décontextualisé ou recontextualisé pour être enseigné à niveau donné. Ainsi, le savoir d’un cours de saisie enseigné en classe de sixième n’aura pas la même profondeur que le savoir du même cours en classe de troisième par exemple. La transposition didactique du savoir tient compte à la fois des connaissances livresques et des savoir faire – associés. le choix des savoir – faire à faire acquérir aux élèves dépend de la finalité de l’enseignement et par ricochet des pratiques prises en référence. Pour J. L. Martinand (1996), dans Enseignement et apprentissage de la modélisation en sciences, Paris : Institut National de Recherche Pédagogique, les pratiques qui servent de références peuvent être celles d’une activité professionnelle identifiée ou des pratiques sociales.

1.6. 8 LES OBSTACLES EPISTEMOLOGIQUES, DIDACTIQUES ET OBJECTIF - OBSTACLE

La notion d’obstacle épistémologique est introduite par Gaston Bachelard.  Ce sont des obstacles liés aux concepts scientifiques dans un domaine de la connaissance. Les obstacles didactiques quant eux sont dans le cadre de l’enseignement. En effet, l’apprentissage d’une nouvelle notion peut paraître évident à l’élève qui croit la connaître déjà. Ou encore, le concept peut constituer lui-même un obstacle dans ce sen qu’il est inaccessible à l’élève. Sur le plan de la didactique, ces obstacles dits didactiques peuvent être considérés comme des étapes – clés à franchir. On pourra ainsi prendre comme objectifs à atteindre le fait de vouloir surmonter ces obstacles. C’est en ce sens que Jean Louis Martinand (1996) in Enseignement et apprentissage de la modélisation en sciences, Paris : Institut National de Recherche Pédagogique, introduit la notion d’objectifs – obstacles.

Conclusion

La conception d’un cours se fera selon une approche pédagogique et une méthode pédagogique. Il est à noter cependant que pour un cours plusieurs méthode et approches pédagogiques peuvent se combiner. Le choix de l’approche pédagogique dépend de l’enseignant, de la discipline à enseigner, du matériel de manipulation et même de la classe. Mais, à chaque discipline, il est une approche plus appropriée que les autres. On se demande alors quelle approche pour l’enseignement de l’informatique.

Résumé

Ce chapitre à dans sa quintessence présenté les différents concepts qui tournent autour de l’enseignement. C’est ainsi que tour à tour l’Education, l’Enseignement, les méthodes pédagogiques, et les approches pédagogiques ont été développé. Il a été aussi question de montrer la différence entre «  approche pédagogique » qui est l’ensemble des règles et procédés permettant de mettre en œuvre un enseignement du maître ou un apprentissage de l’élève et « l’approche pédagogique » quant à elle qui est la manière par laquelle la pédagogie est abordée.

Le chapitre suivant ferra l’objet du phénomène de l’enseignement de l’informatique en général et le cas du Cameroun en particulier.

 

 

Publié dans MEMOIRE

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